Pour la première fois, un hôtel m’a donné envie de ne pas rentrer chez moi. La Villa Alexandre a provoqué cette exception à la règle. En effet, cet hôtel 4* situé dans le Beaujolais me donne à chaque fois envie de prolonger le séjour, pour quelques jours voire pour toujours. Comment expliquer cela ?
Est-ce dû à l’accueil sincère et bienveillant de Camille et de son équipe ? Les tissus muraux bordés de passementerie et les voluptueux rideaux qui me rappellent la maison de ma grand-mère ? L’odeur du cuir, le toucher du parquet en chêne et la vue panoramique sur les vignes qui font écho à mon enfance dans le Beaujolais ? Ou est-ce tout simplement parce que cet endroit ressemble plus à un lieu de vie convivial et élégant qu’à un hôtel 4* ? Il y a peut-être un peu de tout ça.
Une chose est sûre, je vous conseille de découvrir cet écrin synonyme de détente et de félicité dont Camille Charlent va nous parler.
1- Quel est ton parcours ?
Plus jeune, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire professionnellement. Après le lycée je me suis tournée vers la faculté de physique-chimie de Paris Diderot puis j’ai fait deux années à la faculté de pharmacie de Paris Descartes pour devenir ingénieure. En dernière année, j’ai fait un stage de six mois au sein d’une très belle entreprise rouennaise qui m’a embauchée en CDI. J’avais une qualité de vie très confortable mais je ne m’épanouissais pas professionnellement.
Un jour, un peu en rigolant, mon papa m’a proposé de créer un restaurant. Sur le coup, je ne l’ai pas pris au sérieux mais l’idée a fait son chemin. J’ai quitté mon CDI pour suivre un parcours de reconversion professionnelle à l’Institut Lyfe (anciennement Paul Bocuse) à Lyon. Cette expérience a été la plus exceptionnelle de toute ma vie !
2- Ce projet d’ouvrir un restaurant avec ton papa a-t-il abouti ?
Non. En sortant de l’Institut Lyfe, j’ai souhaité acquérir plus d’expérience sur le terrain avant de me lancer dans un tel projet. J’ai fait un stage d’un an au sein du restaurant gastronomique (V)ivre Opéra Garnier à l’issue duquel j’ai passé mon CAP Cuisine en candidat libre. Un ami m’a ensuite proposée de créer un bar-restaurant dans un espace de coworking de 350 personnes. Au bout de trois ans, j’ai eu envie de travailler dans un cadre plus haut de gamme et intimiste. J’ai intégré le Refettorio Paris, un restaurant gastronomique solidaire situé dans la crypte de l’église de la Madeleine. L’expérience a été de courte durée. Mon papa est décédé et j’ai dû reprendre la Villa Alexandre ainsi que le domaine Morgon La Javernière.
3- Comment est né le projet de la Villa Alexandre ?
Mon papa, François Charlent, était un producteur de cinéma passionné par son métier. L’été, à défaut de partir en vacances, il nous emmenait voir des pièces de théâtre au festival d’Avignon. Nous logions dans une auberge chaleureuse où nous nous sentions comme à la maison. Je pense que c’est à ce moment-là que l’idée a commencé à germer dans la tête de mon papa.
4- Pourquoi a-t-il choisi de s’installer dans le Beaujolais ?
Au départ, il pensait plutôt aller dans le Lubéron. Il a cherché un établissement à reprendre pendant presque dix ans, en vain. Un jour son agent immobilier lui a proposé de visiter une maison dans le Beaujolais qui répondait à tous ses critères. Il était réticent mais il a finalement accepté de faire le déplacement. L’établissement en question était le domaine Morgon La Javernière pour lequel il a eu un véritable coup de coeur. Petit à petit, il est tombé amoureux de la région. Il n’a donc pas hésité à racheter la Villa Alexandre quand l’occasion s’est présentée.
5 – Quelle est l’histoire de cette maison familiale ?
La Villa Alexandre a appartenu à Alexandre d’Aigueperse, un pur enfant du Beaujolais. Sept générations se sont succédées entre ses murs jusqu’à ce qu’elle soit vendue à mon papa. Nous avons tenu à conserver le patrimoine mobilier hérité. Certains objets ont été remis au goût du jour, d’autres ont été détournés de leur usage premier. Les anciens éviers de la cuisine sont désormais d’élégantes fontaines qui ornent le jardin.
La Villa Alexandre est aujourd’hui un lieu de vie élégant où règne une ambiance chaleureuse et conviviale. Nous mettons tout en oeuvre pour que nos clients se sentent comme à la maison. Notre service est de qualité mais pas guindé, et ce même si l’hôtel est classé 4*.
« La décoration de la Villa Alexandre ressemble comme deux gouttes d’eau à la décoration de notre maison familiale en Normandie. Et pour cause ! Une partie des tableaux proviennent de chez nous. »
6 – Que représente pour toi la Villa Alexandre ?
C’est un lieu auquel je suis très attachée. Il faut dire que la décoration ressemble comme deux gouttes d’eau à notre maison en Normandie. Et pour cause ! Certains tableaux proviennent de ma chambre d’enfant ou de celle de mes parents. On disait d’ailleurs régulièrement à notre papa d’arrêter de piquer la déco et il rigolait en disant que ça allait bien aller à l’hôtel. Il a également chiné beaucoup d’objets dans des brocantes avec ma maman. Mon papa avait beaucoup de goût en matière de décoration. C’était l’un de ses talents.
7 – Combien de chambres possède la Villa Alexandre ? Quelle est celle que tu préfères et pourquoi?
Il y a quatorze chambres et une suite. La Maison Antoinette est qualifiée de suite car il y a un petit salon, néanmoins ce n’est pas une suite familiale.
De manière générale, j’aime beaucoup les petites chambres. J’ai une affection particulière pour la Pouilly-Fuissé. Sa tapisserie rouge et la présence d’objets en bois la rendent chaleureuse et cocooning. En outre, c’est la seule chambre d’où l’on peut voir les vignes du lit.
J’aime également beaucoup la Gevrey-Chambertin. Elle a deux fenêtres qui donnent sur les vignes et une troisième à travers laquelle on peut voir le jardin et les monts du Beaujolais. C’est amusant car c’est une chambre qu’aucun client ne m’a jamais demandé jusqu’à présent. Personnellement, j’aime beaucoup son énergie. Sa couleur tendre, un doux bleu clair, procure immédiatement un sentiment de calme et d’apaisement.
Les clients apprécient beaucoup la Meursault, reconnaissable avec son plafond bleu lumineux qui imite une nuit étoilée.
« Mon papa adorait les piscines à débordement. Je ne l’ai jamais vu se baigner mais il aimait le bruit de l’eau. »
8 – Selon toi, qu’est-ce qui rend ce lieu si ressourçant ?
Principalement, tout le travail autour de la décoration et le fait que l’hôtel soit composé de plusieurs petites salles chaleureuses et intimistes. Le jardin fleuri et les arbres tricentenaires participent à l’ambiance relaxante du lieu. Mon papa a disposé deux fontaines et créée une piscine à débordement pour que l’on puisse entendre l’eau couler dans chaque coin du jardin.
Il adorait les piscines à débordement. Je ne l’ai jamais vu se baigner mais il trouvait le bruit de l’eau apaisant et la structure déco (rires). Notre piscine en Normandie a d’ailleurs été primée dans des magazines. Elle est entièrement noire. On dirait un lac au milieu du jardin. On ressent le même sentiment de calme et de bien-être dans notre maison en Normandie qu’à la Villa Alexandre.
« Une anecdote insolite : j’ai trouvé une robe de mariée et une boîte à bijoux sous un lit. »
9 – As-tu des anecdotes amusantes à partager ?
Oui ! Chaque journée comporte son lot de surprises, surtout quand on fait les chambres. Les clients oublient souvent leurs affaires. Ma plus étonnante découverte a été de trouver sous un lit une robe de mariée et une boîte à bijoux. C’était il y a plus d’un an, la robe et les bijoux n’ont pas été réclamés.
Je pense également aux mésaventures d’un client qui était venu de Hawaï pour un mariage dans la région. Son séjour a été chaotique de bout en bout mais il a gardé le sourire. Il a commencé par manquer sa première escale. Une fois arrivé à l’hôtel, il a dû partir à l’aéroport de Lyon pour récupérer sa valise qui avait été égarée. À son retour, le portail de l’hôtel était fermé et il n’avait plus de batterie sur son téléphone pour nous appeler. Il a fini par escalader le portail. Heureusement, il avait pensé à prendre la clé de sa chambre. Il m’a raconté son aventure le lendemain au petit-déjeuner en rigolant.
Après, il y a des anecdotes moins heureuses. Pas plus tard qu’hier matin, un client nous a fait un scandale pour un rien. Nous accueillons les séminaires avec un petit-déjeuner composé d’un café, d’un jus de fruits et d’une mini viennoiserie par personne. Ce jour-là nous avions des croissants et des pains aux raisins caramélisés au beurre d’Isigny. Motif du mécontentement : un des clients voulait un pain au chocolat à la place du pain aux raisins. Ce dernier a gâché la journée de tout le monde en étant désagréable.
Certains clients ne se rendent pas compte qu’une remarque négative peut impacter et blesser toute une équipe. On dit qu’il faut dissocier la vie personnelle et professionnelle mais ce n’est pas facile à faire quand on donne le meilleur de soi-même pour rendre les gens heureux.
10 – Quel est votre sélection en matière de vins ?
Je suis en train de reprendre la carte que mon papa avait créé avec l’aide de son sommelier, dans l’objectif de référencer davantage de petits domaines de la région. Je souhaite également proposer une alternative attrayante à nos clients qui ont parfois envie de boire autre chose que du Beaujolais. J’ai récemment eu un coup de coeur pour le domaine Bret Brothers & La Soufrandière en Bourgogne. Je suis également heureuse de travailler avec la maison Jacoulot dont j’apprécie l’esprit familial et la qualité des produits.
11 – Quel style de cuisine proposez-vous ?
Notre proposons une cuisine semi gastronomique. Notre chef élabore une carte courte qu’il renouvelle six à huit fois par an. Tout est fait maison, nous essayons au maximum de valoriser les produits de la région. Les vendredis midis en saison, nous faisons un menu unique composé d’une côte de boeuf et de pommes de terre grenaille. Cette formule séduit les artisans du coin qui s’installent généralement en terrasse avec un bon verre de vin. Pour bien commencer la journée nous servons un petit-déjeuner gourmand. Dans une jolie vaisselle qui rappelle l’art de vivre à la française, nous disposons du pain frais, des viennoiseries, du muesli et un gâteau fait maison par Sandra qui prend plaisir à imaginer une nouvelle recette chaque matin. Pour ceux qui le souhaitent, il est également possible d’avoir des oeufs brouillés, du fromage et de la charcuterie.
12 – Quelles activités peut-on faire dans la région ?
Une surprise attend les Lyonnais. Située à proximité de l’hôtel, l’emblématique église aux deux clochers de Régnié-Durette ressemble comme deux gouttes d’eau à un édifice qui leur est familier. Et pour cause ! Elle a été réalisée selon les plans de Pierre Bossan, le célèbre architecte de la basilique de Fourvière.
De manière générale, la région se prête bien aux balades à pied ou à vélo, à la visite des châteaux et à la découverte des vignobles. Je recommande de grimper jusqu’à la Madone de Fleurie. C’est un endroit parfait pour pique-niquer avec une vue panoramique magnifique. L’ascension du Mont-Brouilly est également à faire. Les marcheurs seront récompensés par une jolie vue. Ils pourront également découvrir la Chapelle Notre-Dame-des-Raisins construite en 1854 dans le but de protéger le vignoble du mauvais temps et des maladies.
13-Quel est ton leitmotiv dans la vie et/ou une citation qui t‘inspire ?
La musique est mon partenaire au quotidien. Elle m’accompagne, s’adapte à mon humeur et me permet de me motiver tout au long de la journée. Je crée huit à dix playlist par an. Chaque playlist comporte des musiques qui m’ont accompagnée à un moment donné. Quand je réécoute la playlist, je repense au moment que j’ai vécu : où j’étais, avec qui, ce que je faisais, l’état d’esprit dans lequel j’étais, qu’il soit triste ou joyeux. Écouter une musique triste quand on l’est, est réconfortant. C’est un moyen d’embrasser ses émotions. Par sa capacité à nous transporter, la musique est magique. Comme nous avons une mémoire olfactive, nous avons une mémoire du son.
14 – Quels sont tes projets pour demain et/ou le rêve que tu souhaiterais réaliser ?
J’ai envie de faire grandir et perdurer dans le temps la Villa Alexandre, et à travers elle, la mémoire de mon papa. En parallèle, je souhaiterais développer des projets plus personnels. Je pense notamment à des événements éphémères dans des lieux de vie élégants au coeur des vignes. Ce serait un bon moyen de créer du lien entre les acteurs locaux et les particuliers.
Hôtel Villa Alexandre
165, rue Alexandre Poidebard
69430 Régnié-Durette
Tél : 04 81 15 02 30
Photos : @plaisirsetdécouvertes